L'ADQ ramène sur la table des négociations prébudgétaires une proposition fort populaire de sa dernière campagne électorale: offrir aux familles une somme de 100$ par semaine pour chaque enfant qui ne fréquente pas une garderie subventionnée.
Sorte d'allocation familiale, la mesure coûterait à terme 900 millions de dollars par année au gouvernement. Quelque 160 000 enfants de 4 ans et moins n'ont pas accès à une place en garderie à 7$, estime l'ADQ.Pour le budget 2008-2009, l'ensemble des demandes de l'ADQ s'élève à 345 millions, dont 225 millions pour cette mesure, qui ne s'appliquerait qu'à partir de janvier 2009.«Nous avons fait l'effort de ne pas avoir trop de demandes, d'avoir nos priorités clairement établies. Des demandes qui nous apparaissent très réalistes, très responsables dans le cadre de la préparation du budget», a dit Mario Dumont à l'issue d'un caucus présessionnel des députés adéquistes à Bécancour.«La balle est dans le camp du gouvernement», a-t-il ajouté, quelques heures après avoir t
ransmis les propositions adéquistes à la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.
Des mesures en emploi, notamment pour favoriser l'intégration des immigrants, des investissements dans la modernisation du secteur manufacturier et un meilleur contrôle des dépenses gouvernementales font partie des thèmes abordés par le critique en matière de Finances, Gilles Taillon, qui estime que ces demandes sont mesurées malgré le ralentissement économique.
Finalement, l'ADQ invite Québec à faire pression sur Ottawa pour que le gouvernement fédéral débloque un milliard de dollars pour l'éducation postsecondaire, et réclame 100 millions supplémentaires pour venir en aide à l'industrie forestière et au secteur manufacturier.Le chef adéquiste s'est toutefois bien gardé de dire s'il s'agissait là de conditions essentielles à un appui de son parti au budget, se contentant de répéter qu'il «ne veut pas d'élections».Mais il a toutefois semblé rouvrir timidement la porte. «C'est bien évident qu'on ne va pas appuyer un budget qui va dans le sens contraire de ce qu'on souhaite. Il ne faut pas nous tenir pour acquis», a-t-il souligné.«Si le gouvernement ne veut pas d'élections, s'il est sincère, qu'il dise oui à nos demandes», a renchéri M. Taillon.
Le chef adéquiste ne se fait toutefois pas trop d'illusions sur le rapport de force qu'il détient quant à l'issue de ce bras de fer budgétaire. «On va dire les choses clairement. La ministre des Finances, Mme Jérôme-Forget, pêche des deux côtés de la chaloupe. Elle parle à l'ADQ, mais elle parle aux péquistes aussi», a-t-il dit.Au printemps dernier, c'est le Parti québécois qui avait assuré la survie du gouvernement à l'issue d'une mini-crise budgétaire menaçant de replonger le Québec en élections en plein été, à peine trois mois après le dernier scrutin.Les troupes péquistes, avec François Gendron temporairement à leur tête, avaient alors obtenu 111 millions en concessions, surtout en santé et en éducation, pour faire adopter le premier budget du gouvernement minoritaire libéral.La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, n'a pas mis de temps à opposer une fin de non-recevoir catégorique à la principale proposition adéquiste d'allocation aux familles.«Les négociations se placent», a rétorqué Mario Dumont à son départ de Bécancour, quelques minutes après l'intervention télévisée de la ministre.
Les demandes prébudgétaires:
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Famille: 100$ par semaine non imposables pour chaque enfant de 4 ans et moins qui ne fréquente pas un centre de la petite enfance ou une garderie subventionnée.> Emploi: aider les prestataires de l'assurance emploi à retourner sur le marché du travail (20 millions).
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Économie: offrir des crédits d'impôt aux entreprises pour qu'elles se modernisent et ainsi accroître la productivité (50 millions).
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Immigration: améliorer la francisation des immigrants pour faciliter leur intégration au travail (15 millions).
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Transferts fédéraux: aller chercher à Ottawa un milliard de dollars pour l'éducation postsecondaire. Réclamer au gouvernement fédéral 100 millions supplémentaires pour aider les secteurs manufacturier et forestier