dimanche 1 mars 2009

Pertes à la Caisse de dépôt et placement du Québec : « La plus grande imposture de l’histoire politique du Québec » - François Bonnardel



Voici la déclaration du porte-parole de l’ADQ en matière de finances publiques, M. François Bonnardel, dans le cadre de sa conférence de presse pour commenter les résultats de la Caisse de dépôt et placement du Québec :

« La Caisse de dépôt vient d’annoncer, aujourd’hui, ce que nous, à l’ADQ, redoutions depuis plusieurs mois. Malheureusement, les pertes de 39.8 milliards de dollars, plaçant la Caisse dans le peloton de queue des grands gestionnaires de fonds au Canada, confirment nos pires inquiétudes et auront, sans aucun doute, un impact considérable sur les finances du Québec et des contribuables québécois.

Le temps est venu de procéder à une analyse complète des déboires à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Cette analyse doit porter sur deux éléments fondamentaux. Premièrement, le manque de transparence, voire une culture de la cachotterie dont la complicité entre les dirigeants de la Caisse et le gouvernement devient évidente. Deuxièmement, les erreurs historiques de gestion du bas de laine des Québécois où le gouvernement de Jean Charest demeure l’acteur principal.

Au niveau de la transparence, je me permettrai ici de revenir en arrière et de refaire la petite histoire d’une des plus grandes impostures de l’histoire politique du Québec. Depuis la crise du papier commercial, la complicité est évidente entre le gouvernement et la Caisse sur une stratégie visant à cacher la vérité aux Québécois. Depuis plusieurs mois, la Caisse refuse de nous informer sur sa gestion des PCAA, sur les problèmes de liquidités, de gestion du risque, sur les mises à pied et les départs soudains.

Encore dernièrement, le gouvernement et la Caisse ont refusé de nous remettre un rapport commandé à la firme PriceWatherHouseCoopers visant à évaluer la politique de gestion du risque de la Caisse. Aujourd’hui, la Caisse nous a refusé l’accès à leur conférence de presse.
C’est pourquoi ce matin, nous demandons au gouvernement de mandater le Vérificateur général afin qu’il procède à une enquête pour faire la lumière sur la gestion de la Caisse et sur les événements de la dernière année.

De plus, lors de la rentrée parlementaire, l’ADQ déposera de nouveau son projet de loi visant à élargir le mandat du Vérificateur général afin qu’il puisse, en toute liberté et sans contrainte du gouvernement, enquêter dans les entreprises et organismes publics comme la Caisse. Nous nous attendons, en regard des circonstances, à ce que le gouvernement appelle le projet de loi afin qu’il soit débattu.

Enfin, pour briser cette culture de la cachotterie, nous incitons la Caisse à informer les Québécois de ses résultats à chaque trimestre plutôt qu’une seule fois par année.

Pour faire toute la lumière sur les problèmes de transparence, le gouvernement devra aussi répondre à plusieurs questions. Le premier ministre était-il au courant de la situation? Les dirigeants de la Caisse ont-ils caché l’ampleur des pertes au premier ministre et à la ministre des Finances? Le premier ministre a-t-il caché la vérité aux contribuables?

Étant donné que le gouvernement désire convoquer la commission des finances publiques pour entendre les anciens et les actuels dirigeants de la Caisse. Nous refusons que cette commission serve à trouver des boucs émissaires et c’est pourquoi nous demandons au premier ministre et à la ministre des Finances de comparaître, le plus tôt possible, devant la Commission des finances publiques afin de répondre à nos questions et permettre que la lumière soit faite sur le rôle qu’ils ont joué dans les cachotteries et les erreurs de gestion de la Caisse.

Au niveau des problèmes de gestion, nous considérons que le premier ministre du Québec doit porter la responsabilité des résultats d’aujourd’hui. Malgré les mises en garde de l’ADQ, Jean Charest a refusé d’agir, il a nié l’évidence et a voulu pousser le Québec en élection pour éviter d’avoir à répondre de ses actes. Pendant la dernière campagne électorale, le premier ministre a ridiculisé, même démonisé l’ADQ qui sonnait l’alarme sur ce qui était en train de se produire à la Caisse de dépôt. Toujours pendant la campagne, le premier ministre affirmait ne pas être au courant des résultats de la Caisse. Jean Charest doit maintenant répondre de ses actes.

Le gouvernement libéral est l’acteur principal de cette catastrophe. Depuis 2003, ce gouvernement a évacué la culture de la rigueur et de la transparence de toutes les sphères de la gestion de l’État.

À une certaine époque, le premier ministre s’attribuait le mérite des bons résultats de la Caisse. Eh bien aujourd’hui, il devra avoir l’humilité et le sens du devoir nécessaire pour prendre la responsabilité de ses mauvaises performances.

De plus, devant une catastrophe comme celle que la Caisse confirme ce matin, j’appelle le premier ministre à procéder à une remise en question complète de la façon dont sont gérés les fonds à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Le simple fait que la Caisse ait été le principal acquéreur de papier commercial au Canada soulève de sérieux problèmes de gestion. Comment explique-t-on que la Caisse, le principal gestionnaire de notre patrimoine collectif, ait pu se lancer dans une entreprise aussi risquée? Le vérificateur général doit pouvoir enquêter sur cette question qui nous inquiète profondément depuis l’automne 2007.

Avec une crise comme celle que nous vivons aujourd’hui, il faut rejeter les visions dogmatiques, ne pas avoir peur de remettre en question une vache sacrée comme la Caisse et entamer un débat ouvert sur la question. De la rémunération des dirigeants à la forme actuelle de l’institution, il faut tout envisager. La proposition faite dans les derniers jours par certains experts de scinder la Caisse, est certainement une avenue à explorer afin d’éviter d’autres catastrophes comme celle que nous vivons aujourd’hui.

Mais ce qui doit nous préoccuper ce matin c’est l’impact de ces pertes sur les familles du Québec. Rapidement, le gouvernement devra nous informer de ses intentions sur les mesures qu’il désire prendre.

En période de crise économique, il faut éviter le dogmatisme idéologique, il faut plutôt faire preuve de responsabilité.

Le gel des tarifs n’est pas une solution parce qu’il pourrait mettre en péril certains grands fonds qui ont déjà de la difficulté à rencontrer leurs obligations et provoquer, à moyen terme, une explosion des tarifs comme celle que nous avons vécue en 2003.

La hausse sans limite des tarifs n’est pas non plus la solution, car elle ferait peser une pression financière insoutenable pour la classe moyenne qui est déjà prise à la gorge.

C’est pourquoi nous invitons le gouvernement à se doter d’une politique tarifaire qui aurait pour effet de contrôler la hausse des tarifs en indexant ceux-ci à l’inflation ou à la hausse du salaire moyen.

Pour ce qui est des autres mesures à prendre, les choix seront difficiles et nous sommes prêts à discuter avec le gouvernement sur des pistes de solution. Nous allons d’abord évaluer en profondeur l’impact de ces pertes pour chacun des fonds et consulter les organismes afin qu’ils nous informent de leur situation et de leurs intentions. »

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